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Des cultures sous tensions. Les rationalisations des grandes entreprises agricoles
À partir d’entretiens qualitatifs et d’observations in-situ réalisés dans la filière française des fruits et légumes, cet article met au jour les tensions entre rationalisation formelle et matérielle au sein de grandes entreprises agricoles. À travers l’exemple des chefs de culture et de l’étude d’un outil de gestion, il montre que l’émergence d’une rationalisation formelle, imposée par les acteurs de l’aval, revêt trois formes : une rationalisation du travail de la plante, une rationalisation de la gestion de la main d’œuvre ainsi qu’une rationalisation par le processus d’intégration de la firme. Celle-ci entraîne alors une transformation des professionnalités des chefs de culture, en allant jusqu’à infléchir leurs pratiques et remettre en question leurs territoires professionnels. Elle conduit à faire du chef de culture un représentant d’une domination rationnelle, similaire à celle exercée par un bureaucrate wébérien.
François Purseigle et Loïc Mazenc - Publié dans L’Année sociologique, sous presse - 2021

Résister dans une exploitation. Les effets du « management » sur le travail dans une firme agricole française
À partir du cas d’une firme de production agricole, située en France et spécialisée dans la culture du melon, cet article analyse les évolutions de l’organisation du travail et notamment les résistances au management. Nous montrerons qu’elles peuvent être individuelles ou collectives, « pour soi » ou « pour les autres », freiner la production ou, au contraire, l’accélérer. Elles résultent toujours d’une volonté de desserrer l’étau du contrôle et de se réapproprier le travail, conséquence d’un contrôle plus récent, celui de la grande distribution sur l’exploitation agricole, exigeant toujours plus de dispositifs de normalisation et de certification des produits comme des procédés.
Mazenc Loïc - Publié dans Études rurales, 205, pages 206-227 - https://doi.org/10.4000/etudesrurales.22571 - Janvier / Juin 2020

Sous-traitance et délégation du travail :
marqueurs des mutations de l’organisation de la production agricole
Répondant à la difficile transmission familiale des exploitations ou aux stratégies de croissance des plus grandes d'entre elles, l'essor de la prestation de services est l’une des tendances marquantes de l'évolution de l'agriculture française. Ce marché, estimé à environ 4 milliards d’euros, se caractérise par une forte transformation de la demande et par la création de nombreuses entreprises de travaux dédiés. Si la plupart d'entre elles proposent de réaliser des tâches précises, d'autres ont développé une large gamme de services, allant de l’audit de propriétés agricoles à la gestion intégrale de l’exploitation, à la fois technique, administrative et financière. La sous-traitance agricole, et notamment la délégation intégrale des activités, restent pourtant peu documentées et diverses questions demeurent auxquelles cet article contribue à répondre. La première partie explicite la méthode utilisée et les trois suivantes présentent un état des lieux du marché, puis un recensement de l'évolution des pratiques, et enfin une analyse des formes innovantes d’organisation de la prestation de services.
Geneviève Nguyen, François Purseigle, Julien Brailly, Bruno Legagneux - Note et Étude Socio-économique, n°47, pp. 43-88, Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation - 2020

Le nouveau capitalisme agricole. De la ferme à la firme.
En rupture avec l'exploitation familiale traditionnelle, des firmes agricoles se profilent dans de nombreuses régions du globe. Avec elles, s’amorce une recomposition agraire dont les contours restent largement invisibles. À l’exception de quelques cas médiatisés de « mégafermes » et autres « fermes des 1 000 vaches », la majorité de ces firmes ont jusqu’à présent échappé à l’analyse tant leurs visages sont multiples et flous. Leurs performances économiques et financières tout comme leurs incidences environnementales et sociales interrogent aussi bien les milieux politiques, professionnels que scientifiques. Comment sont-elles organisées ? Quels sont leurs logiques et modes d’action ? Dans quels espaces s’inscrivent-elles ? Comment une ferme familiale devient-elle une firme agricole ? Quels types d’acteurs sont impliqués ? Quels rapports au politique entretiennent-elles ? Quels conflits provoquent-elles ?
François Purseigle, Geneviève Nguyen, Pierre Blanc - Presses de Sciences Po - 2017

Les agricultures de firme Tome 1 et Tome 2
Ces numéros visent à rendre compte ici d'une forme d’agriculture encore impensée par la communauté des ruralistes. Le développement de structures hautement capitalistiques sur le marché des matières premières agricoles, l’émergence de nouveaux statuts juridiques relatifs aux catégories d’exploitations et l’arrivée, sur la scène agricole, d’acteurs étrangers au secteur témoignent en effet d’une rupture avec le modèle familial traditionnel consacré par les grandes politiques de la seconde moitié du XXe siècle. À l’échelle de la planète et parallèlement à une agriculture familiale « sociétaire » abstraite apparaissent des agricultures de firme complexes portées par des investisseurs qui cherchent à sécuriser leurs approvisionnements en matières premières agricoles et/ou à maximiser leurs placements financiers. Ces agricultures reposent notamment sur la multiplicité des prises de décision et sur une mobilisation forte de ressources matérielles et immatérielles d’origine non agricole. De la France à l’Indonésie, l’Argentine, l’Afrique du Sud et la Chine en passant par l’Europe centrale et la Russie, les textes réunis dans ces volumes montrent que des formes d’intervention, globales et mondialisées, modifient en profondeur les agricultures nationales.
« Les agricultures de firme. Tome 1 » - François Purseigle (ed.) - Études rurales, n° 190, Editions EHESS - 2012
« Les agricultures de firme. Tome 2 » - François Purseigle, Gérard Chouquer (eds.) - Études rurales, n° 191, Editions EHESS - 2013

L'agriculture de firme : un fait émergent dans le contexte agricole français ?
Cet article tente de relever ce qui, en économie agricole ou agroalimentaire et en statistique agricole, contribue à définir « l’agriculture de firme » parmi l’ensemble des exploitations agricoles françaises. Même si l’exploitation familiale tend à éclater, elle reste la norme du paysage rural français. Ce qui nous intéresse ici renvoie à la « théorie de la firme », lieu de répartition stratégique entre le travail et le capital. Cet article montre que cette forme nouvelle d’entrepreneuriat agricole ne dépend pas uniquement de la capacité d’adaptation de l’agriculteur ou des jeux de pouvoir qu’exercent les filières agroalimentaires. Pour ce qui est des financements nécessaires au développement, la famille rapprochée et le système coopératif laisseraient la place à la famille élargie et aux stratégies d’ouverture. Cette réflexion s’appuie sur quelques repères analytiques et sur une exploration des premiers résultats du recensement agricole de 2010.
Valérie Olivier, Bruno Legagneux - Etudes Rurales, n° 190, pp. 77-97 - 2012
